Trump : les réseaux sociaux des Français désormais examinés avant l’entrée aux États-Unis
L’administration Trump propose de rendre obligatoire la transmission de l’historique des activités sur les réseaux sociaux pour tous les visiteurs bénéficiant du programme d’exemption de visa. Cette mesure concerne directement les ressortissants français, ainsi que les citoyens d’autres pays comme l’Allemagne, le Japon, le Royaume-Uni ou l’Australie.
Selon l’avis publié le 10 décembre 2025 dans le Federal Register, les voyageurs devront fournir les identifiants de leurs réseaux sociaux couvrant cinq années, ainsi que d’autres données personnelles : numéros de téléphone utilisés sur la même période et adresses électroniques des dix dernières années.
USA : Un virage vers une surveillance généralisée
Avec cette exigence, les États-Unis étendent la logique de contrôle numérique au-delà des procédures de sécurité classiques. Tous les visiteurs, y compris les touristes, se voient intégrés dans un système où les activités en ligne deviennent un élément central de l’évaluation des risques.
Si les partisans de la mesure évoquent un renforcement de l’identification et de la prévention des menaces, plusieurs organisations de défense des libertés soulignent une expansion sans précédent des capacités de surveillance, sans preuve tangible d’un gain réel en sécurité.
L'ICE et l’analyse continue des réseaux sociaux
En parallèle, les services américains d’immigration (ICE) envisagent d’intensifier leurs dispositifs de surveillance. Des rapports relayés par la presse font état d’un projet de l’ICE visant à s’appuyer sur des prestataires privés chargés d’analyser en continu des contenus publiés sur différentes plateformes.
L’objectif serait d’identifier des éléments exploitables pour des opérations de perquisition ou d’arrestation. Cette orientation révèle une bascule vers une surveillance permanente, où les réseaux sociaux deviennent un outil opérationnel au cœur des politiques migratoires et judiciaires.
Russie : blocages et durcissement du contrôle d’Internet
La Russie adopte une approche différente mais tout aussi révélatrice. Début décembre 2025, Moscou a bloqué l’accès à Snapchat et restreint l’usage de FaceTime, justifiant ces décisions par des impératifs de lutte contre le terrorisme et la fraude.
Ces restrictions s’inscrivent dans une trajectoire déjà bien établie : limitation de messageries étrangères, encadrement strict des plateformes et extension progressive du contrôle étatique sur l’espace numérique.
Chine : l’IA au service d’un contrôle social renforcé
La Chine illustre comment les technologies d’intelligence artificielle peuvent être mobilisées pour développer des dispositifs de surveillance de grande ampleur. En 2025, OpenAI a rapporté avoir bloqué plusieurs comptes liés à des acteurs chinois qui tentaient d’utiliser ses modèles pour concevoir des outils capables de surveiller en temps réel les conversations sur les réseaux sociaux, que ce soit en Chine ou à l’étranger.
Ces systèmes visaient à analyser automatiquement des contenus politiques, religieux ou ethniques considérés comme sensibles. Même si ces tentatives ont été interrompues, elles témoignent de l’intérêt croissant de certains États pour une surveillance algorithmique avancée.
IA : un nouvel outil au service de la surveillance automatisée
L’intégration de l’IA dans les dispositifs de contrôle marque une rupture technique et politique. Les modèles permettent désormais d’examiner des volumes massifs de données, d’identifier des corrélations, de reconstituer des réseaux relationnels ou de repérer des comportements considérés comme atypiques.
Ces capacités posent des enjeux éthiques majeurs : risques de profilage automatisé, biais intégrés dans les décisions, interprétations erronées, manque de transparence sur les critères utilisés. La délégation de décisions sensibles à des systèmes techniques accentue les inquiétudes sur la gouvernance, les droits fondamentaux et l’autonomie cognitive des utilisateurs.
Dara Ring : vers un usage plus responsable des réseaux sociaux
Dans ce contexte de durcissement global de la surveillance numérique, il devient essentiel de sensibiliser les utilisateurs, en particulier les plus jeunes, aux risques liés à leurs usages des réseaux sociaux et de leur donner quelques clés pour mieux se protéger. Cela suppose une meilleure maîtrise des paramètres de confidentialité, une attention constante à la gestion de sa vie privée et la préservation de son autonomie cognitive.
Nous inscrivons nos actions dans cette démarche, notamment à travers nos guides « Les réseaux sociaux : que dit le droit ? » et « IA et enfants : 10 réflexes à avoir ». Ils ont été conçus pour aider chacun à adopter un usage plus éclairé, à garder du recul face aux contenus et à éviter les mécanismes de dépendance.
Cette sensibilisation passe également par une diversification des pratiques, en privilégiant des alternatives aux plateformes dominantes. Des solutions existent déjà, comme Mastodon, un réseau social décentralisé et fédéré, qui limite les logiques de collecte et de profilage et n’est pas détenu par un milliardaire américain.
Data Ring y a récemment ouvert un compte, et nous invitons celles et ceux qui souhaitent évoluer dans un environnement plus sain et plus respectueux de leurs données à nous y rejoindre : https://mastodon.social/@Data_Ring